L'insidieux rapport "qualité/prix" de la mort
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L'insidieux rapport "qualité/prix" de la mort
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On vit une époque de bourrage de mou décidément formidable. Peut-être la plus belle de l’histoire, en raison de la puissance de feu de l’artillerie lourde qu’est la communication. Je songe parfois que la communication est l’arme la plus prodigieuse jamais inventée. On imagine que, grâce à elle, on va en apprendre plus, sans se rendre compte que nous sommes ses victimes consentantes finissant souvent par relayer nous-mêmes ce que nous croyons avoir appris. On ne compte plus, aujourd’hui, les naïfs persuadés qu’en matière d’écologie, par exemple, rien ne vaut une belle pastille verte sur une barquette de jambon, une taxation des petits épargnants ou encore une syntaxe propre comme un sou neuf à base d’impact carbone ou de développement durable pour arranger les choses.
En matière de sécurité routière, le procédé est le même, et l’on se paierait gentiment notre poire que cela n’étonnerait personne. Selon l’INSEE, entre 2005 et 2008, le nombre de tués sur les routes françaises est passé de 5 318 à 4 275, et celui des blessés de 108 076 à 93 798. La preuve éclatante de l’efficacité de la politique de répression du gouvernement en matière de sécurité routière ? Pas si sûr, car plus récemment, un rapport officiel a mis en lumière le fait que la somnolence au volant est devenu la première cause d’accident sur les autoroutes, provoquant un tiers des accidents, et reléguant la vitesse en troisième facteur principalement incriminé en cas d’accident.
Pour autant, les pouvoirs publics continuent de mettre la gomme à l’encontre de la vitesse, nous pondant à l’approche de l’été une nouvelle manière de moins bien signaler les radars fixes sur les autoroutes. Alors qu’un récent sondage met en évidence le ras-le-bol des Français face à la répression, le gouvernement choisit de continuer à prendre le risque – électoral – de traquer les excès de vitesse. Cela ne s’appelle plus de la répression, mais de la sanction ciblée. Je ne suis pas pour la vitesse à outrance, j’ai plusieurs fois pris position – au risque de recevoir sur le coin de la boule un tombereau d’insultes – en affirmant que la loi des 100 chevaux ne dérangeait concrètement pas grand monde. Mais quand je vois les moyens déployés pour traquer les excès de vitesse, à l’exclusion des autres grandes causes d’accident, je trouve le déséquilibre de la balance intolérable.
Il y a plus de dix ans que j’effectue chaque année de gros kilométrages sur les routes, et jamais je n’ai été retardé par un contrôle d’alcoolémie, alors que je serais prêt à souffler dans le ballon toutes les semaines et tous les jours, s’il le fallait, pourvu qu’on éradique les ivrognes de la circulation. La raison en est simple et connue de tous : cela coûte moins cher et rapporte plus de poser un radar au bord de la route que de traquer les ivrognes ou les « shootés » aux médicaments du volant. Ce qui me gêne, c’est que la société ne lutte pas de manière équitable contre les grandes causes de mortalité.
Ainsi, si les pouvoirs publics se mobilisent pour que vous restiez en vie, ce n’est pas par humanisme. Et si le gouvernement se bat pour que les usagers ne meurent plus sur la route, c’est parce que cela coûte cher à la société. De plus, les moyens mis en place pour réprimer les excès de vitesse permettent de surcroît de faire rentrer de la monnaie dans des caisses qui en ont rudement besoin. En revanche, la société aura toujours besoin de ses alcooliques, de ses dépressifs et de ses fumeurs, parce que ceux-là, ils lui rapportent.
Les pouvoirs publics, par leur action, établissent insidieusement un « rapport qualité/ prix » de la mort et du handicap physique. Mieux vaut ainsi payer les soins d’un bon contribuable sortant d’un infarctus qui a bu et fumé pompeusement toute sa vie sans faire de vagues, que la révolte d’un jeune décérébré qui se sera écharpé autour d’un platane et se retrouve invalide, alors qu’il aurait pu cotiser encore quelques décennies pour la boutique France. Dur, dur de savoir que l’État, vissé jusqu’à l’absurde au moderne concept du principe de protection, ne cherche pas foncièrement à nous protéger de tout. Mais il nous guide, comme un phare, vers l’art et la bonne manière de mourir sans faire de vagues.
Source: motorevue.com
On vit une époque de bourrage de mou décidément formidable. Peut-être la plus belle de l’histoire, en raison de la puissance de feu de l’artillerie lourde qu’est la communication. Je songe parfois que la communication est l’arme la plus prodigieuse jamais inventée. On imagine que, grâce à elle, on va en apprendre plus, sans se rendre compte que nous sommes ses victimes consentantes finissant souvent par relayer nous-mêmes ce que nous croyons avoir appris. On ne compte plus, aujourd’hui, les naïfs persuadés qu’en matière d’écologie, par exemple, rien ne vaut une belle pastille verte sur une barquette de jambon, une taxation des petits épargnants ou encore une syntaxe propre comme un sou neuf à base d’impact carbone ou de développement durable pour arranger les choses.
En matière de sécurité routière, le procédé est le même, et l’on se paierait gentiment notre poire que cela n’étonnerait personne. Selon l’INSEE, entre 2005 et 2008, le nombre de tués sur les routes françaises est passé de 5 318 à 4 275, et celui des blessés de 108 076 à 93 798. La preuve éclatante de l’efficacité de la politique de répression du gouvernement en matière de sécurité routière ? Pas si sûr, car plus récemment, un rapport officiel a mis en lumière le fait que la somnolence au volant est devenu la première cause d’accident sur les autoroutes, provoquant un tiers des accidents, et reléguant la vitesse en troisième facteur principalement incriminé en cas d’accident.
Pour autant, les pouvoirs publics continuent de mettre la gomme à l’encontre de la vitesse, nous pondant à l’approche de l’été une nouvelle manière de moins bien signaler les radars fixes sur les autoroutes. Alors qu’un récent sondage met en évidence le ras-le-bol des Français face à la répression, le gouvernement choisit de continuer à prendre le risque – électoral – de traquer les excès de vitesse. Cela ne s’appelle plus de la répression, mais de la sanction ciblée. Je ne suis pas pour la vitesse à outrance, j’ai plusieurs fois pris position – au risque de recevoir sur le coin de la boule un tombereau d’insultes – en affirmant que la loi des 100 chevaux ne dérangeait concrètement pas grand monde. Mais quand je vois les moyens déployés pour traquer les excès de vitesse, à l’exclusion des autres grandes causes d’accident, je trouve le déséquilibre de la balance intolérable.
Il y a plus de dix ans que j’effectue chaque année de gros kilométrages sur les routes, et jamais je n’ai été retardé par un contrôle d’alcoolémie, alors que je serais prêt à souffler dans le ballon toutes les semaines et tous les jours, s’il le fallait, pourvu qu’on éradique les ivrognes de la circulation. La raison en est simple et connue de tous : cela coûte moins cher et rapporte plus de poser un radar au bord de la route que de traquer les ivrognes ou les « shootés » aux médicaments du volant. Ce qui me gêne, c’est que la société ne lutte pas de manière équitable contre les grandes causes de mortalité.
Ainsi, si les pouvoirs publics se mobilisent pour que vous restiez en vie, ce n’est pas par humanisme. Et si le gouvernement se bat pour que les usagers ne meurent plus sur la route, c’est parce que cela coûte cher à la société. De plus, les moyens mis en place pour réprimer les excès de vitesse permettent de surcroît de faire rentrer de la monnaie dans des caisses qui en ont rudement besoin. En revanche, la société aura toujours besoin de ses alcooliques, de ses dépressifs et de ses fumeurs, parce que ceux-là, ils lui rapportent.
Les pouvoirs publics, par leur action, établissent insidieusement un « rapport qualité/ prix » de la mort et du handicap physique. Mieux vaut ainsi payer les soins d’un bon contribuable sortant d’un infarctus qui a bu et fumé pompeusement toute sa vie sans faire de vagues, que la révolte d’un jeune décérébré qui se sera écharpé autour d’un platane et se retrouve invalide, alors qu’il aurait pu cotiser encore quelques décennies pour la boutique France. Dur, dur de savoir que l’État, vissé jusqu’à l’absurde au moderne concept du principe de protection, ne cherche pas foncièrement à nous protéger de tout. Mais il nous guide, comme un phare, vers l’art et la bonne manière de mourir sans faire de vagues.
Source: motorevue.com
Re: L'insidieux rapport "qualité/prix" de la mort
mais ou va tu donc chercher tout cela pépère
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